mercredi 29 septembre 2010

Lectures



Le chamane & le Psy: Un dialogue entre deux mondes


Laurent Huguelit et Olivier Chambon, deux personnalités touchantes, compétentes et très professionnelles cherchent au travers d'un dialogue à lancer des ponts entre deux pratiques, que personne jusque là n'avait osé confronter si directement.
Vous voulez des explications claires sur ce qu'est le chamanisme, un soin chamanique ou le travail d'un praticien chamanique ? Vous voulez savoir en quoi le chamanisme peut se rapprocher de la psychanalyse ou en quoi il est différent?
Vous aimez la franchise, les prises de position claires et l'humour... Alors ne passez pas à côté de cet ouvrage de référence!
terre-mere octobre 2010


Résumé (quatrième de couverture) :
Où l’on part à la recherche d’Eugenio Tramonti, le protagoniste du Vol du pigeon voyageur et de La Jubilation des hasards, disparu quelque part en Mongolie. Pour le retrouver il faudra traverser des états de réalité peu ordinaires et accepter de se laisser guider par quelques personnages emblématiques : un Chinois qui présente la particularité de maîtriser ses rêves ; une chamane mongole qui s’absente parfois quelques jours pour voyager dans d’autres mondes dont elle ne se souvient pas ; une Sibérienne qui fréquente assidûment les choses invisibles ; un jeune garçon, apprenti chaman, qui vient interférer dans les rêves du Chinois ; une vieille femme aux identités mouvantes ; une divinité lacustre aux faux airs de renard ; des juments, un aigle et un loup ; sans compter quelques narrateurs, anonymes ou pas, disséminés entre Oulan Bator et Pékin, le lac Baïkal et les hauts sommets de l’ouest de la Mongolie. Les mondes se chevauchent, les histoires se répondent les unes aux autres, les fenêtres de l’imaginaire sont grandes ouvertes, les narrateurs se superposent, et le principe de réalité tremble sur ses bases, à la fois labile, humoristique et fuyant. Et ce faisant c’est une autre réalité qui se trouve posée là – ou tout un réseau de réalités qui s’entrecroisent, car l’instabilité est féconde, et la littérature s’accommode bien de ce flou des frontières.
Mon avis : C'est un livre avec une complexité narrative riche... L'auteur a l'agilité artistique pour pouvoir mettre en mot les différentes dimensions qui se rencontrent et s'entrecroisent, d'un personnage à un autre...
Je vous recommande vivement de vous perdre dans ce livre... D'imaginer l'esprit tortueux de l'auteur... Ce livre nous transporte bien plus loin que la mongolie... souvent on ne sait pas ou d'ailleurs...
D'un point de vu chamanique, je dirais que c'est une vision du chamanisme mongole, loin de descritption qu'en fait Corine Sonbrun... La, nous sommes vraiment dans un chamanisme du 1/4 monde... Présenté avec humour... Noir, jaune... Parfois acidulée... Voir sans aucun humour...
Critique littéraire :
La piste mongole est un récit très particulier et unique en son genre, d’abord par l’histoire qui est racontée, largement au-dessus de l’abus du je autobiographique et des thèmes récurrents dans la littérature française contemporaine. Le chamanisme, les états de conscience modifiés (qui contrairement à une idée reçue ne sont pas toujours dûs à la prise de psychotropes), le monde des rêves, les réalités parallèles ne sont pas légion dans la littérature (à l’exclusion de la littérature dite de mauvais genre).
La narration et le style font partie intégrante de la singularité de ce livre, plus proche de l’épopée que du roman français contemporain.
Les personnages sont nombreux, à chaque fois unique, et par leur fonction et par leurs caractéristiques. On touche au pléonasme en disant que ces personnages sont réellement des personnages et non de pâles copies de M. Tout-le-monde nous détaillant sa vie par le menu, mais c’est le cas. S’y retrouver dans ce foisonnement n’est pas toujours une chose facile, d’autant que, comme dans les épopées (je pense aux Eddas, parce que c’est l’épopée que je connais le mieux.) les personnages sont nommés de plusieurs manières différentes : Chen Wanglin, Chen-Le-maigre, Chen-face-de-rat, etc.
Les points de vues narratifs changent, tantôt un narrateur externe, tantôt un narrateur interne. Des récits écrits par des personnages sont également inclus dans le livre, produisant une mise en abîme qui rend le récit complexe. Toutefois, elles ne sont pas inutiles et accentuent la sensation de lecture à plusieurs niveaux, une sensation déjà très fortement marquée par les changements de focalisation narrative déjà évoquées, mais aussi par la superposition des réalités (consciente, monde d’en-bas, transes…). La construction du récit et le contenu du récit sont donc parfaitement calculés et contribuent mutuellement à donner à La piste mongole une richesse de ton et une profondeur assez exceptionnelle.
Le vocabulaire employé passe de termes familiers (comme dans les Eddas, les personnages peuvent se montrer grossiers, bien que cette particularité se trouve souvent gommée.) à des termes assez peu connus. Par exemple, le terme sagane, est un mot de vieux français désignant une sorcière.
Un livre très intéressant à lire, et vraiment dépaysant, mais qui nécessite du temps libre et de pouvoir s’y plonger pleinement sous peine de se perdre rapidement. Pour ma part, j’ai apprécié les multiples descriptions de voyages dans les réalités parallèles, les transes, mais plus particulièrement le passage du démembrement qui est d’un réalisme saisissant. Si vous êtes familier avec le chamanisme, et/ou si ce sujet vous intéresse, vous n’aurez aucun problème pour comprendre ce livre. Dans le cas contraire, il vous sera peut-être plus difficile d’accrocher à l’histoire et de vous y plonger pleinement, pas nécessairement en raison d’une incompréhension, mais parce qu’il est possible que vous ayez envie de faire des recherches plus approfondies sur la question. Un livre riche et -bien- écrit, mais dont je crains qu’il ne rencontre qu’un public très limité, justement en raison de sa complexité.

proposé par Virginie octobre 2010



Coup de Coeur: Taïga Transes de Gala Naoumova


Parmi la foison de romans traitant du chamanisme, c’est un ouvrage d’une rare richesse et d’une rare intensité que nous offre Gala Naoumova avec Taïga Transes, ouvrage dans lequel sont très intimement liés le regard d’historienne et d’anthropologue de l’auteur, Docteur en sciences humaines et le vécu d’un voyage initiatique aux sources de l’âme russe et du chamanisme.

Taïga Transes est d’une part un ouvrage incontournable pour le lecteur qui cherche des références historiques et scientifiques solides sur les origines du chamanisme sibérien. Taïga Transes, c’est aussi le carnet de voyage d’une narratrice qui pourrait être l’auteur, professeur d’université russe immigrée en Allemagne, puis en France et en Amérique, qui revient en Russie en mal de ses racines.

D’un salon de Saint -Pétersbourg, où elle croise un savant réputé, un peu lama et chaman venant de Sibérie, la narratrice, traversant une sorte de crise existentielle et spirituelle que les chamans appellent «perte d’âme», part retrouver « le chemin vers elle-même» en Sibérie, vaste région considérée aussi bien par les Russes que par les chercheurs étrangers comme point d’ancrage du chamanisme; la taïga n’est-elle pas la terre d’origine du terme «chaman».

Avec Taïga Transes, vous embarquez à bord du transsibérien et vous enfoncez au fil des gares et des rencontres jusqu’aux confins de la taïga, dans le sud de la Sibérie orientale, la Touva, dans le massif du Saïan au pied de l’Altaï à la frontière de la Mongolie. Gala Naoumova offre au lecteur d’entrevoir ce qu’est l’âme russe, de rencontrer des chamans aux styles et pratiques variés, de plonger avec elle dans les origines du chamanisme sibérien, de ses coutumes et usages. Avec la narratrice, le lecteur s’enfonce au plus profond de la taïga et assiste à des rituels de guérison d’une force exceptionnelle qui touchent à la magie de cet art, qui a su garder depuis l’apparition de l’homme jusqu’à nos jours, cette capacité de guérir et de «répondre aux questions essentielles de l’humanité».

Taïga Transe est un ouvrage exigeant, très bien documenté tout en étant agréable à lire et poignant d’humanité.

terre-mere été 2010

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